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Lutte contre les cancers féminins
les perspectives du Dr. Fadhil

By novembre 22, 2024 Actu

Dr. Fadhil, fondatrice de l’Eastern Mediterranean NCD Alliance (EM-NCDA), partage des insights cruciaux sur les types de cancers les plus répandus chez les femmes dans la région, les défis uniques auxquels elles sont confrontées en termes de diagnostic et de traitement, ainsi que les actions nécessaires pour les combattre. L’EM-NCDA, en tant que coalition d’ONG, s’engage à réduire le fardeau des maladies non transmissibles (MNT) dans la Méditerranée orientale. Dans cet entretien exclusif, elle aborde les obstacles pressants, y compris l’accès limité aux programmes de dépistage, les barrières sociétales, et la menace d’un doublement, voire d’un triplement, des diagnostics de cancer d’ici 2040.

 

Dr. Fadhil, pourriez-vous commencer par nous parler de l’Eastern Mediterranean NCD Alliance et de sa mission dans la région ?
Nous sommes une coalition d’organisations non gouvernementales nationales et régionales, unissant nos efforts pour plaider, militer et agir afin de réduire, gérer, prévenir et contrôler les maladies non transmissibles (MNT), y compris le cancer, dans les pays de la Méditerranée orientale (EMR). La charge croissante des MNT dans la région nécessite une approche multisectorielle durable avec un fort engagement des OSC. Historiquement, le travail des OSC dans la région est limité et peu reconnu, en partie à cause du nombre restreint d’associations, d’une structure faible et de la forte résistance des professionnels de la santé. En tant que membres fiers et à part entière de la Global NCD Alliance, notre engagement indéfectible nous aligne avec les leaders nationaux dans une mission commune visant à renforcer l’agenda des MNT et le bien-être dans les 22 pays de l’EMR. Notre mission consiste à conduire une transformation visant à renforcer la prévention des MNT, à sensibiliser et à impliquer la communauté et les patients affectés pour assurer de meilleurs services de MNT, à réduire la mortalité due aux MNT évitables, et à promouvoir la couverture santé universelle (UHC) et l’atteinte des objectifs de développement durable des Nations Unies (UN-SDG). Nous appelons à la création d’une entité régionale capable de renforcer le travail des OSC locales et de développer leur capacité à jouer un rôle efficace et plus fort dans la prévention et le contrôle des MNT. Nous prônons passionnément une approche centrée sur le patient pour garantir que même les populations les plus vulnérables et marginalisées reçoivent les soins qu’elles méritent.

« Nous sommes une coalition d’organisations non gouvernementales nationales et régionales, unissant nos efforts pour plaider, militer et agir afin de réduire, gérer, prévenir et contrôler les maladies non transmissibles (MNT), y compris le cancer. »

Au cours des dernières années, l’EM-NCDA a largement travaillé avec des associations régionales et mondiales, plaidant pour des engagements politiques plus forts en faveur des MNT, soutenant le travail sur le terrain et mettant en lumière les réalisations des OSC dans les activités régionales de lutte contre les MNT.

Quels sont les types de cancers les plus répandus chez les femmes dans la région de la Méditerranée orientale, et quels défis uniques ces patientes rencontrent-elles en termes de diagnostic et de traitement ?
Les cancers du sein, colorectal, du col de l’utérus, de l’ovaire et du foie sont les cinq types de cancers les plus courants chez les femmes dans la région de la Méditerranée orientale (EMR), et ils représentent un grave problème de santé publique. Chacun de ces cancers présente des défis particuliers en matière de diagnostic et de traitement.
Le cancer du sein inclut un accès restreint aux programmes de dépistage, ce qui conduit à des diagnostics à des stades plus avancés et à des taux de survie plus faibles. La désinformation, les croyances sociales et culturelles rendent difficile la participation aux programmes de dépistage et de vaccination. L’absence de techniques de dépistage standard pour le cancer de l’ovaire, comme des biomarqueurs fiables ou des tests de dépistage. Les programmes de prévention limités, tels que les mesures de contrôle du tabac et de réduction de l’obésité, sont également un défi.

Quelle est l’ampleur des disparités dans l’accès aux soins contre le cancer pour les femmes dans la région de la Méditerranée orientale, et quels facteurs contribuent à ces disparités ?
Des inégalités significatives dans l’accès aux soins contre le cancer sont documentées dans de nombreux pays de l’EMR, notamment dans les pays à faibles ressources tels que le Yémen, le Soudan et la Somalie, où les individus doivent souvent faire face à des obstacles pour financer leur traitement contre le cancer, recourant à des fonds personnels pour financer leurs soins. Les disparités sont également signalées parmi les personnes touchées par les conflits et les guerres, où les réfugiés et les personnes déplacées rencontrent des obstacles majeurs pour obtenir un traitement contre le cancer dans les pays hôtes.

De quelle manière les attitudes culturelles influencent-elles les résultats de santé des femmes, en particulier en ce qui concerne la prévention et le traitement du cancer ?
Les croyances culturelles et les normes sociétales ont une grande influence dans de nombreux pays de l’EMR. Les femmes retardent souvent la recherche de soins médicaux (dépistage ou traitement) par crainte, par honte, par négligence de la part du mari ou de la famille, et à cause de la stigmatisation entourant certains cancers, comme le cancer du sein et du col de l’utérus. Les idées fausses et le manque de connaissances retardent également le diagnostic précoce et le traitement du cancer.

Pourriez-vous expliquer comment les programmes nationaux de lutte contre le cancer dans les pays de l’EMR sont adaptés pour répondre aux besoins des femmes ?
La plupart des programmes nationaux de lutte contre le cancer ne répondent pas efficacement aux cancers des femmes. Par exemple, seulement neuf pays sur 22 ont des programmes de dépistage du cancer du col de l’utérus, et 60 % n’ont pas de dépistage systématique du sein. La majorité des dépistages sont opportunistes et concernent les femmes avec des symptômes. Sept pays sur 22 ont intégré le vaccin contre le HPV pour prévenir le cancer du col de l’utérus. Malgré des campagnes de sensibilisation régulières, davantage d’investissements sont nécessaires pour évaluer leur efficacité. Certaines nations tentent d’améliorer l’accès au dépistage et au traitement du cancer, avec des succès variables selon les infrastructures et les ressources disponibles, mais des réalisations notables existent dans certains pays.

« Nous prônons passionnément une approche centrée sur le patient pour garantir que même les populations les plus vulnérables et marginalisées reçoivent les soins qu’elles méritent. »

Quelles stratégies et initiatives spécifiques ?
Implication des personnes : L’EM-NCDA forme des personnes vivant avec des MNT comme champions pour qu’ils participent aux décisions de santé et renforcent les politiques centrées sur les patients. (Référence à la publication de l’EM-NCDA, disponible sur notre site web).
Implication de la communauté : Cibler les jeunes en développant un réseau de bénévoles atteints de cancer, diabète et autres MNT pour les campagnes de sensibilisation.
Sensibilisation : Améliorer le dépistage du cancer, en particulier pour le sein et le col de l’utérus.
Renforcement des capacités : Former les patients et les professionnels de la santé sur la prévention des cancers chez les femmes et l’amélioration du dépistage.

« La charge croissante des MNT nécessite une approche multisectorielle durable avec un fort engagement des OSC pour renforcer la prévention, sensibiliser, et impliquer la communauté et les patients affectés. »

Comment l’EM-NCDA collabore-t-elle avec d’autres organismes et organisations locales pour améliorer les soins contre le cancer ?
Collaborations internationales : L’EM-NCDA travaille avec des organisations comme l’OMS, la NCDA, l’IARC et l’UICC pour profiter de leurs réseaux et ressources, centralisant les communications sur les MNT et le cancer.
Collaboration locale : Organiser des webinaires et tables rondes avec des entités gouvernementales et ONG locales pour partager les meilleures pratiques et observer les journées de sensibilisation au cancer.
Renforcement des capacités : Proposer des formations en personne et virtuelles pour les prestataires de soins et les groupes de soutien, couvrant le dépistage du HPV et les meilleures pratiques de l’OMS.
Plaidoyer et influence politique : Encourager le changement de politique pour améliorer la prévention du cancer, en travaillant sur la taxation du tabac, l’élimination des acides gras saturés et la vaccination contre le HPV. Organiser des missions de bénévolat pour le dépistage et la prévention du cancer.

Quels sont les objectifs de votre événement parallèle à la 77e Assemblée mondiale de la santé et qu’espérez-vous accomplir ?
L’événement réunira diverses parties prenantes pour discuter des mesures visant à améliorer les soins contre le cancer chez les femmes et réduire les inégalités. Il présentera les recommandations récentes de l’OMS sur les cancers des femmes et facilitera les discussions pour leur mise en œuvre. Nous espérons que cela stimulera l’engagement et la coopération régionale pour prioriser le cancer des femmes dans l’agenda de la santé.

Comment mieux soutenir la prévention et les soins contre le cancer chez les femmes ?
Pour mieux soutenir la prévention et les soins contre le cancer chez les femmes, il faut investir dans les infrastructures de contrôle du cancer, former les professionnels de santé, et améliorer l’accès au dépistage et au traitement. Il est aussi crucial d’élaborer des plans nationaux complets, de développer des législations de santé publique et de renforcer la recherche et la collecte de données.

Investir dans les infrastructures de contrôle du cancer, élaborer des plans nationaux, développer des législations de santé publique et renforcer la recherche et la collecte de données.