Ce jeune chef trentenaire a déjà eu les honneurs de La Stampa. Il faut dire que, remarqué très tôt par le grand chef italien Federico Coria, Mehdi El Omari est déjà à la direction d’une maison historique, la Locanda di Casa Pautasso, à laquelle il a ajouté une touche personnelle, qui fait recette. « Mehdi a Casa Pautasso » est un hommage savoureux à la tradition du lieu, au terroir du Piémont, parfumé d’une pincée d’épices d’ailleurs, pour une cuisine inédite et précieuse, mais avant tout généreuse et joyeuse.
@chef_mehdi_el_omari
La rigueur dans le travail libère l’esprit, permettant de transmettre l’amour avec humour et plaisir.
D’où vous vient votre passion pour la cuisine ?
J’ai appris à aimer la cuisine dès l’âge de 3 ans. J’adorais rester à côté de mon père (qui n’était pas un cuisinier professionnel, mais un grand amateur) lorsqu’il s’affairait devant les fourneaux afin de régaler les invités (il y avait toujours du monde à la maison !). Il est décédé quand je n’avais que 12 ans et j’ai dû vite retrousser mes manches pour soutenir ma famille. J’ai commencé dans le restaurant d’amis de la famille. J’ai tout de suite compris que ce serait mon métier. Ce n’est pas un travail, c’est un style de vie qui, certes, n’est pas facile tous les jours, mais c’est tellement riche en émotions !
La Stampa a écrit à propos de vos recettes : « un mélange du Piémont et du Maroc ».
Quelles sont les créations dont vous êtes le plus fier ?
J’avoue aimer mélanger les cultures. Ma cuisine est internationale et italienne, avec des touches marocaines comme c’est le cas pour mon « tajine de crustacés avec lait de coco et curry marocain », mon « spaghetti violet au crabe, cigales de mer et crevettes, safran et curry marocain » ou encore ma « joue de Pana Negra aux pruneaux et abricots » cuite comme un tajine classique. J’incorpore, dans des classiques de la cuisine italienne, des saveurs de mon enfance. Les clients reconnaissent ces plats familiers mais ils leur font vivre de nouvelles émotions. Et à travers ces créations, je raconte aussi mon histoire et mes souvenirs de mon très cher Maroc.
Qu’est-ce que vous aimez particulièrement dans la cuisine italienne ?
Cette cuisine a la capacité unique de créer des recettes fantastiques sans qu’il soit nécessaire d’utiliser des produits coûteux. C’est une cuisine populaire où les mères parviennent à nourrir une famille de cinq ou six personnes avec peu : des tomates, du basilic, de l’ail et vous avez les arômes incomparables de la Méditerranée. J’admire aussi la qualité des matières premières disponibles, produites selon des standards élevés. Les Italiens possèdent un patrimoine œnogastronomique vraiment exceptionnel.
Qu’est-ce que vous aimez dans la cuisine marocaine ?
Ce que j’apprécie tout particulièrement dans la cuisine marocaine, c’est l’équilibre des épices, l’importance des légumes et les cuissons lentes sous la cendre, comme la tanjia. Je suis aussi impressionné par la façon dont le poisson est préparé. Je considère que le Maroc est très similaire à l’Italie du point de vue gastronomique.
Quelles sont les spécialités du Piémont qui vous inspirent le plus ?
Le Piémont est une région vraiment riche en recettes transmises de génération en génération. Je pourrais dire que j’aime tous les plats piémontais, mais cela serait ennuyeux. En tout cas, je ne peux pas nier que les entrées piémontaises sont tout simplement superbes !
Vous avez écrit que vous souhaitiez offrir une « halte gastronomique qui allie culture et nourriture ».
J’aime transmettre l’idée qu’il n’y a pas vraiment de frontières, qu’elles existent seulement dans notre esprit. La Terre devrait être comme un plat où nous coexisterions tous, avec amour et sérénité, et où le mélange des cultures ajouterait de la saveur, à l’instar des multiples ingrédients d’une recette.