Dans le cadre de la dernière édition de la foire 1-54 d’art contemporain africain, qui a eu lieu du 8 au 11 février 2024 à Marrakech, nous avons renconté Touria El Glaoui, la force motrice derrière cet événement emblématique.
Quels sont les défis et les opportunités que vous rencontrez en tant que femme influente dans le secteur de l’art, souvent dominé par les hommes ?
Dans mon expérience, j’ai parfois ressenti que certaines parties de mon travail auraient été mieux perçues si j’étais un homme, en raison des préjugés associés aux hommes dans des rôles de direction. Cela est particulièrement évident lors de la recherche de sponsors, un élément clé de notre travail. Cependant, je suis encouragée de voir que de plus en plus de femmes occupent des postes de direction dans l’art au Moyen-Orient. Les défis persistent, notamment pour les artistes femmes qui doivent jongler entre leur carrière et leurs responsabilités familiales, mais des changements positifs sont en cours, avec des initiatives comme des résidences artistiques adaptées. L’entrepreneuriat dans l’art exige beaucoup d’effort, indépendamment du genre, et il est important de s’entourer de conseillers positifs pour réussir dans des domaines émergents comme l’art contemporain en Afrique.
Comment votre héritage familial a influencé votre parcours dans l’art et l’entrepreneuriat ?
Mon père, un artiste talentueux, souhaitait que ses filles poursuivent des carrières en dehors de l’art, en raison des défis qu’il avait rencontrés. Malgré cela, grandir dans un environnement imprégné d’art, avec son studio et ses expositions, a fortement influencé ma compréhension et mon amour pour l’art. Cette exposition précoce, combinée à l’encouragement de mon père, a façonné mon appréciation pour l’art figuratif et a joué un rôle crucial dans la création de ma plateforme d’art, 1-54. Mon éducation artistique, enrichie par ses enseignements et nos visites de musées, a été fondamentale dans mon parcours, même lors de mes études aux États-Unis et de mes voyages en Europe et en Afrique.
Quelles valeurs souhaitez-vous transmettre à travers votre travail et votre engagement dans la promotion de l’art africain contemporain ?
Je crois fermement que l’art et la culture offrent une ouverture d’esprit essentielle dans notre monde de plus en plus fermé. Pour les enfants marocains, l’accès à des musées et expositions, souvent gratuits, est une chance incroyable pour développer cette ouverture. Les parents jouent un rôle clé dans l’éveil de cet intérêt. Il est important de faire comprendre aux familles que ces ressources culturelles sont disponibles et accessibles, car elles sont essentielles pour favoriser une compréhension et une appréciation plus larges du monde.
Comment expliquez-vous votre reconnaissance par Forbes comme l’une des femmes les plus influentes en Afrique et comment cette influence se manifeste-t-elle dans votre implication artistique ?
Je suis fière de cette reconnaissance, que j’attribue à l’impact de 1-54 sur la vie des artistes africains. Mon rôle a été d’accroître la visibilité des artistes et des pays africains sur la scène internationale. J’ai participé à de nombreuses discussions et panels à travers le monde, promouvant l’art contemporain africain. Bien que ce titre me soit personnellement attribué, je le considère comme une reconnaissance de la créativité africaine qui anime le contenu de 1-54.