La littérature est l’un des domaines où les femmes ont très tôt brillé. Les «femmes de lettres» sont à l’origine de travaux remarquables, reconnus de leur vivant. Cela dit, ce constat ne peut occulter le fait que les autrices ont dû composer avec la misogynie de leurs confrères et critiques masculins, et que leur travail fut souvent bridé par lla pensée sexiste de leur époque.
Simone de Beauvoir : repenser le rôle des femmes
Icône moderne, Simone de Beauvoir a fourni tout au long de sa vie un travail littéraire et philosophique remarquable à tous points de vue. Agrégée de philosophie en 1929, elle devient enseignante comme son compagnon, Jean-Paul Sartre.
En 1945, elle crée avec d’autres philosophes «Les Temps Modernes», revue philosophique qui se réclame de l’existentialisme, doctrine qui prône la toute-puissance de l’individu sur la trajectoire et l’issue de sa vie.
Profondément engagée dans le courant socialiste, elle devient une théoricienne très influente et reconnue à travers le monde. Elle rencontrera les Grands de l’époque comme Mao Zedong ou Ernesto Che Guevara.
En 1949, elle publie «Le Deuxième Sexe», essai philosophique qui la propulse à la tête du mouvement féministe. Elle accède à la consécration avec «Le Mandarin», qui lui vaudra le Prix Goncourt.
Fatima Mernissi : les femmes dans le monde musulman
Sociologue et écrivaine, Fatima Mernissi s’est engagée à repenser la place de la femme dans le monde musulman. Elève brillante, elle débute des études en droit à Rabat avant de s’envoler pour la France et enfin aux Etats-Unis, où elle décroche un doctorat en philosophie en 1974. Sa thèse, qui porte sur les effets de la modernisation sur les dynamiques sociales entre hommes et femmes au Maroc, devient une référence du genre. Revenue au pays pour exercer à l’université Mohammed V de Rabat, elle publie de nombreux travaux sociologiques qui démontrent l’anachronisme de la condition de la femme dans les sociétés musulmanes et leur capacité à occuper une meilleure place au sein de celles-ci. Multipliant les initiatives culturelles et civiques, elle devient un modèle dont journalistes, écrivains et militants se revendiquent.
Leïla Slimani : portraits de femmes
Née en 1981 à Rabat, Leïla Slimani est l’une des plus jeunes lauréates du Prix Goncourt, qu’elle remporte en 2016. Fille du banquier et haut fonctionnaire Othman Slimani, elle poursuit ses études en France après son baccalauréat et se tourne vers le journalisme, couvrant de nombreux sujets relatifs à l’Afrique du Nord et au Maroc. Elle accède à la notoriété avec son premier roman, «Dans le jardin de l’ogre». Son second roman, «Une chanson douce», vendu à plus de 1 million d’exemplaires et unanimement acclamé par le public et la critique, fait d’elle une figure littéraire incontestée en France et au Maroc. Autre succès pour «Sexe et mensonges, la vie sexuelle au Maroc». Elle vient de sortir «Le pays des autres», première partie d’une trilogie qui retrace le parcours de sa grand-mère.