fbpx

Sommes-nous tous allergiques?

By décembre 10, 2019 Parents

Les chiffres sont alarmants. Au Maroc, tout spécialement dans des villes côtières et industrielles comme Casablanca, on estime que près de 30% de la population souffre de rhinite allergique et qu’entre 16 et 18% des enfants sont asthmatiques. Etat des lieux et conseils pour réagir à ce qui n’est plus une fatalité.

Texte Wissal Faris

 

Les cas d’allergie sont directement liés à la qualité de l’environnement. Plus il y a d’allergènes, de pollution, de gaz toxiques,… plus on constate une augmentation considérable de cas d’allergies et d’asthme. C’est donc tout naturellement que l’on constate une augmentation des cas d’allergie dans le monde.

L’allergie du nez et l’allergie des yeux ainsi que l’allergie respiratoire, qui se manifeste au niveau du poumon, sont les plus courantes. Il faut être très attentif à toute manifestation d’allergie. En effet, on commence souvent à faire des rhinites allergiques à répétition avant de développer de l’asthme.

Une multitude d’agents allergènes
Ils sont multiples et diffèrent suivant l’environnement géographique et la saison. Dans les villes côtières, où les habitations sont généralement humides, ce sont souvent les acariens qui sont principalement en cause, suivis par les moisissures. Attention, les enfants développent une sensibilité à un très jeune âge (les rhinites allergiques, le nez bouché, les toux sèches, très pénibles qui se manifestent surtout la nuit,… peuvent apparaître dès 1 an, ils sont des signes avant-coureurs de l’asthme qui se manifeste par des sifflements, des difficultés à respirer,…

En automne/hiver, les acariens sont la principale cause d’allergie. Dès le mois de mars, ce sont les pollens, même dans des grandes villes comme Casablanca où les pollens de graminées dominent.
Dans le Sud, à Beni Mellal, Marrakech, Agadir, c’est surtout le pollen d’oliviers. L’été, les moisissures prennent le relais, car c’est la période où celles-ci se reproduisent et lancent des spores dans l’air.

Les règles à respecter chez soi
La première règle est de tout mettre en oeuvre pour avoir un habitat propre, les chambres tout particulièrement, et le moins humide possible. On évitera aussi les animaux, à cause de leurs poils, et la présence de tabac, qui peut entraîner des réactions allergiques. Eliminer poussière, moisissures et acariens reste quelque chose de très difficile à atteindre dans la réalité mais il faut tout faire pour les réduire au maximum.

Réagir face à une crise aigüe
Trois gestes sont à effectuer d’urgence lorsque l’on est confronté à quelqu’un en pleine crise aigüe : donner de l’oxygène, administrer un corticoïde par voie orale et l’aider à prendre un bronchodilatateur spray par voie buccale. Reste ensuite à acheminer l’enfant ou l’adulte en crise vers une consultation spécialisée.

Le saviez-vous ?
Une autre forme d’allergie : l’allergie retardée
L’allergie retardée peut toucher tout le monde et survient même en l’absence de terrain génétique favorisant l’allergie.
Le mécanisme de survenue est différent de celui de l’allergie immédiate : il n’y a pas de production d’anticorps IgE, mais une activation de certaines cellules de défense de l’organisme (les lymphocytes T).
L’allergie retardée cible principalement la peau sur laquelle un eczéma apparaît au contact de l’allergène responsable. On parle alors d’eczéma de contact. L’eczéma de contact peut apparaître lorsque la peau entre en contact avec une substance étrangère (ou allergène), comme le nickel des bijoux fantaisie, le paraphénylène diamine, composant de certaines teintures capillaires, les conservateurs, les parfums, des médicaments en application locale. Les symptômes apparaissent au minimum 48 heures après le contact avec l’allergène. Ils se traduisent par des rougeurs, des démangeaisons associées à une sécheresse cutanée et des petites cloques. Le traitement repose sur l’arrêt du contact avec l’allergène et sur l’application de dermocorticoïdes lors de la poussée.

L’oedème de Quincke
L’oedème de Quincke est une forme particulière d’urticaire associée à un oedème, en général localisé au niveau du visage. Il survient brutalement et s’étend de la peau vers les tissus sous-cutanés et les muqueuses. Ce trouble peut être grave car l’extension de l’oedème au larynx peut bloquer le passage de l’air et déclencher un choc anaphylactique avec arrêt cardiaque. Il peut survenir en cas de piqûre de guêpe ou de frelon, d’allergie médicamenteuse, d’allergie à l’arachide… Pas d’hésitation à avoir, direction l’hôpital ou la clinique.

A lire :
Le livre noir des allergies
Classées quatrième maladie chronique mondiale par l’OMS, les allergies ne cessent d’augmenter.
Leur fréquence a été multipliée par sept dans le monde en 30 ans.
Cet essai examine les différents types d’allergie et les raisons qui nous rendent allergiques. Mais il expose également la façon dont nous pouvons combattre ces allergies. Car des solutions existent, mais celles-ci ne peuvent être mises en place qu’avec un meilleur crédit accordé aux diagnostics et aux traitements : l’allergologie doit être mise en avant, l’asthme mieux dépisté, les produits anti-allergiques labellisés…
A commander auprès de votre libraire.

 

Intolérance au Gluten
L’intolérance au gluten est également appelée maladie coeliaque. Son origine est méconnue, mais il s’agit certainement d’une réaction immunitaire plutôt que d’une réelle intolérance.

La cause de cette maladie plus rare que l’intolérance aux protides du lait de vache est inconnue. Elle est particulièrement fréquente dans les pays du Maghreb. L’Association Marocaine des Intolérants et Allergiques au Gluten est là pour vous aider.
Tél. : 212 6 73 98 75 72
Web : www.amiag.org

 

Dr Abdelaziz Aichane, professeur agrégé pneumologie et allergologie
«L’allergie n’est plus une fatalité»

On ne le sait pas toujours mais les gens allergiques peuvent suivre une immunothérapie allergénique (un traitement par voie sublinguale).
Depuis 2008, l’OMS la considère presque comme un vaccin qui permet d’éviter l’apparition des allergies ou qui permet d’éradiquer l’allergie chez les patients l’ayant déjà développée. L’immunothérapie allergénique est pratiquée au Maroc et permet d’agir contre les acariens, les pollens et les moisissures.

Il est important de consulter un pneumo-allergologue dès que l’on soupçonne une allergie (nez qui coule, toux sèche, notamment). Celui-ci réalisera des tests cutanés qui permettront d identifier les causes de l’allergie.
Il mesurera également la puissance du souffle, ce qui déterminera si le patient fait ou non de l’asthme. Une consultation spécialisée est fondamentale dans la prise en charge de la maladie, une maladie qui est désormais contrôlable.
Les gens sont souvent pessimistes face à cette maladie.
Or il faut savoir que les traitements que l’on appelle de fond sont disponibles au Maroc à un prix très correct.
Ils sont efficaces à condition d’être pris de manière sérieuse pendant une durée optimale de 2 mois.

A côté de l’immunothérapie allergénique, il y a également le traitement conventionnel : la prise de corticoïdes par voie nasale durant 2 mois et, pour l’asthme, la prescription d’une association d’un bronchodilatateur et d’un corticoïde administré par inhalation, durant un minimum de 2 mois, ce qui permet de bien contrôler la maladie asthmatique.
J’insiste cependant sur la précocité du diagnostic et du traitement.